Resident Evil 3 Extinction et autres considérations existentielles

Publié le par ReSylcent Evil

Que de grandes questions qui me viennent à l'esprit à la vision de ce film.
La première est:
- Qu'est ce que j'ai foutu de ma télécommande?
En effet, ayant bougé mon enceinte centrale, l'écoute n'est pas optimal, je me prépare à prendre mon mètre laser pour calculer l'angle idéal de la gamelle et en voyant le regard noir de ma madame je me ravise et me limite à rajouter 2db dans l'enceinte... et pis en fait j'y arrive pas non plus...

La deuxième:
- Est-ce que je dois faire pipi maintenant ou risquer d'interrompre le film pour un besoin pressant? Mais en jetant un oeil aux deux taches suspects sur ma babouche (non je ne suis pas unijambiste, je porte à gauche, sans aucune considération politique), je me rend compte que je suis tranquille pour un moment.

La troisième qui arrive deux secondes avant que ma moitié ne me fasse la remarque:
- Mais on l'a déjà vu ce film...non?
En effet, c'est bien le premier resident evil, alors que je suis convaincu de ne pas avoir confondu la pochette de dvd avant de la fourrée dans le lecteur. Je réponds donc à ma dulcinée avec un gros doute derrière la tête.
- Non non, ils doivent faire un résumé des précédents...
En même temps, ce ne serait pas la première fois qu'il m'arrive un truc étrange, comme de me retrouver avec des chapitre manquant ou multiplié dans un bouquin, alors pourquoi pas un dvd pressé avec une image différente.
Mais bien sûr que non, le film reprend le démarrage du premier épisode de la série pour nous en faire un twist plutôt bien pensé.

Et là, après quelques minutes arrive la vraie question qui mérite que l'on écrive quelque chose dessus (parce qu'avant, c'était un peu du pipi de chat faut dire, mais c'est parce que je suis un diesel, il me faut le temps de me chauffer).
- Qu'est ce que l'on peut réellement considérer comme original?
Prenez une feuille, vous avez quatre heures, coef 7 pour les littéraires et coef 4 pour les scientifiques.
Question qui en amène d'autres, sur le concept d'art, la transmission du savoir, l'utilité des remakes, la nécessité d'un chauffe tasse USB qui aurait maintenu ce café à une température acceptable, l'envie de pousser légèrement cette enceinte centrale sur la droite.
Et là, aussi étrangement que cela puisse paraître, me vient quelques révélations mêlés de vieilles notions que je croyais presque oubliés.
Le commun des mortels semblent considérer que l'originalité est une chose que quelqu'un sort du néant pour l'exposer au regard des autres, plus encore que créateur, un véritable magicien. Seulement, que l'on soit porter vers la science ou vers l'art, on sait que les équations ne sont pas si simple et que l'on ne sort jamais rien de zéro (enfin si en fait, on ne peut sortir que du rien de zéro... mais je m'égare). L'art souvent porté par des autodidactes, n'est qu'une éternelle adaptation de choses ou d'oeuvres préexistantes. Je me rappellerais toujours une interview de Tarsem Singh, réalisateur de The Cell et surtout publiciste et vidéaste de talent qui racontait une anecdote lors de la signature d'un contrat avec un client  pour une campagne de publicité. Il avait eut le droit à une réflexion de ce dernier, le critiquant sur ces tarifs prohibitifs alors qu'il n'avait mis que cinq minutes à trouver le corps de la campagne, ce à quoi il avait habilement répondus qu'il n'avait pas mis cinq minutes, mais trente deux ans et cinq minutes.
Je dis "souvent portés par des autodidactes" simplement parce que la proportion de créateurs originaux reconnus parmi les érudits dans leur domaine est souvent faibles (du coup ça fait marcher l'adage "nul n'est prophète en son pays" finalement). Ceux qui n'ont pas une connaissance parfaite de leur domaine et n'en ont donc pas reçu (ou subit) la totale influence sont ceux qui arrivent a y amener des éléments inattendus (pour être digéré, intégré, répété, copié). Ce qui nous amène la ribambelle d'artistes incompris à leur époque, et apprécié beaucoup trop tard, à côté de gens adulés de leur vivant qui sombre dans l'oubli du conformisme de leur époque. Bien sûr ceci n'est pas une règle, simplement un point de vue facile à contredire, il suffirait de citer Mozart... et tiens, même Michael Jackson dont on peut faire un parallèle. Enfant prodige conditionné à la musique par son père qui l'utilise comme gagne pain, devient un être prolifique et décalé, mort jeune. Bon ok, Michael ne sera pas enterré dans une fosse commune, ça on en est sûr...

Toujours est-il que ces questions me trottant dans la tête, j'en vient à une conclusion assez incongru devant un troisième épisode d'un film de série B.
Ce n'est pas parce que l'on écrit un roman, que l'on fait un film ou que l'on peint une toile que l'on est un artiste. On est artisan de ce domaine, et à quelques rares instants on est artiste. Tout ces arts ne sont pas aussi accessibles qu'il n'y parait. Finalement je me rend compte que, pour moi, tout ce qui passe au cinéma n'est pas du septième art, loin de là, et c'est en définitif une idée qui me rassures, qui me permet d'accepter une grande partie des dernières choses que j'ai vus en salle ou en DVD. Le cinéma est belle est bien une industrie, comme les autres domaines que l'on qualifie d'art, avec ces profits à faire et des rendements à assurer. Vous devez pouvoir voir un film tout les soirs de votre vie sans difficultés, alors comment espérer qu'ils soient tous de l'art vingt quatre carats.
Fort de cette pensée, j'arrive à d'autres conclusions.
- Peut être aurais-je du prendre ce dernier twix plutôt qu'un peu de compote?
- Ce film n'est-il finalement pas un remake caché d'une qualité bien supérieur à toutes ces productions estampillés remake que l'on persiste à nous servir?
- Dois-je mettre une tampon de moquette sous le Tigrou en plastique qui vibre sur l'enceinte frontale droite à chaque coup de feu?
- Est-ce que mon côté fan-boy de la série Resident Evil (bon j'aime pas le 2eme film ni le jeu Survivor, mais je kiffe grave tout le reste) n'occulte pas les défauts du film et ne transforme pas de vulgaires plagiats en de belles citations ou réadaptations.
Le cinéma se nourrit de lui-même continuellement (et du clip comme de la tv bien sur), et l'originalité des réalisateurs ne sont souvent que d'habiles digestions de scènes et de films qui ont croisés leurs routes.
Je ne vous ferais pas croire que ce film entre dans la catégorie "Art" dont je vous parlez plus tôt, mais comme je vous l'ai dit, c'est la révélation incongrue que j'ai eut durant le film.
En revanche, je l'ai réellement apprécié, bien au delà de mes espérances. Pourtant, quelques parts, il n'a aucune originalité. Il est assez facile de faire le compte des films d'où il tire sa substantifique moelle. Le jour des Morts vivants en tête, Alien Resurection, Le territoire des morts, Mad Max 2, Les Oiseaux, Vampires, L'attaque des clones (et peut être bien 28 jours plus tard), tout cela habillement mêlés au background de l'univers Resident tout en s'affranchissant de son historique. Une fois dépouillé de toutes ces influences, il ne reste vraiment pas grand chose. Je ne comprend pas comment je ne suis pas scandalisé par tant de repompe. Simplement parce que (sur moi en tout cas) cela marche et que les éléments ne paraissent pas plagiés mais belle et bien digéré et retravaillé.

L'esthétique du film est réellement très efficace, le monde exsangue devenue un véritable désert fonctionne à merveille. Paul WS Anderson (en tant que scénariste cette fois) sert un scénario très habile mêlant tout les éléments des précédents opus en utilisant les codes et les trouvailles des films que j'ai déjà cités à Russell "Highlander" Mulcahy qui retrouve (enfin) son efficacité déclinante et qui réussis le tour de force de nous présenter sous un nouveau jour des scènes que l'on a déjà côtoyé.


Et en plus, OH SURPRISE, nous avons enfin droit à un véritable monstre représentatif de l'univers de Resident Evil, et pas un nemesis en plastique sur moonboots comme dans le 2ème opus (ça c'est vu que je l'aimais pas le celui là?). Bon en revanche, Wesker est plutôt minable, on ne peut pas tout avoir.
Bref (c'est amusant de dire cela après la tartine que je vient de vous infliger), ce film est une très bonne surprise et place sous d'alléchants perspectives la sortie du Resident Evil: Afterlife prévus pour septembre de l'année prochaine où Tokyo devrait à son tour crouler sous les zombies.



Tiens je vais aller le bouffer ce twix finalement.

Surtout, si vous voulez le voir, ne regardez pas les bandes annonces disponible sur le net, elles ne feront que vous gacher l'ensemble des surprises que peuvent vous apporter le film.

Publié dans Critiques

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article